Convention de construction d’une charrière et d’une toue pour le passage de Sully, 9 août 1766
Devant Paul Clément notaire àSully, furent présents Pierre Vernoy, meunier, Pierre, Ythier, et Jean Vernoy ses fils, demeurant ensemble à St Père les Sully sur Loire d’une part
et Jean Lefrant, marchand, demeurant au port de Giverdon paroisse de Scay, de présent en cette ville d’autre part,
« lesquelles parties de leur bon gré et bonne volonté ont fait entre elles les clauses et conventions du marché qui suit, c’est à scavoir que ledit Lefrant a promis et s’oblige par ces présentes de faire pour le compte des dits Vernoy père et fils, une charière propre à passer la barque audit port[1] de Sully à St Père de la longueur de soixante pieds[2], neuf pieds dix pouces de largeur, de fond dans le milieu, dont le bois qui sera employé dans laditte charière sera sein sans aucun bois gélif ny échauffé touttes planches sans aubord sans guichet et sans aucun aller, les douces et les enchames seront faites de vizuzes ou autrement bord de chalant, tous les encellements et les doublures seront palatrées de traversin en long une douëlle de traversin sciée en deux pour les encellements et les doublures de touttes leurs longueur, laditte charière aura trois pieds et trois pouces d’hauteur de bord et de bonne vizuzes encrochetées à la queue, et le quartier sur le bord qui sera de vizuze pareillement encrochetéé bien doublée tant au dedans qu’en dehors, et les bords du dessous dans les doublures, le moindre doublage aura au moins quinze pieds de long,
il sera pareillement fait à laditte charière un rable coiffé sur le devant qui veut dire les barières enclavé dans lesdittes barières, lequel rable aura huit pouces d’épaisseur, et douze à treize pouces de largeur qui débordera de quatre pouces en dehors desdits bords, et un rable à la queue de la même largeur et épaisseur qui ne sera pas enclavée deux cornelles pour conserver l’enchame du devant qui passera au moins six pieds par derrière de chaufoir, une forte planche pour soutenir aussy lesdittes barrières du devant à l’apuid du gros rable, il sera aussy mis des cornelles à la queüe tout de même que dans le devant que de laditte charrière, et aussy un rable dans le devant pour soutenir les barrières, dans laquelle il y aura trente deux à trente trois courbes de chaques bords dont touttes courbes sciées sur le bord qui seront au moins de six pouces chacunes de large sur le bord, au milieu de laquelle charière il y aura une courbe à varnaud qui sera pourle moin d’un pied de large de chaque costé dans le milieu de laquelle courbe il y aura un pas de deux à trois pouces d’hauteur pour le mât, desquelles courbes dans le nombre de trente deux ou trente trois cy dessus il y en aura huit de chaque costé qui iront de bord en bord qui seront attachez par une cheville dans l’enchame, seront les rables et courbes tout en plein en sorte que les dits rables et courbes entrejoignant depuis le chet jusques la queüe sous la réserve de trois sentineaux qui seront dans laditte charière scavoir un au milieu et un à chaque bout garnis de leurs rables qui se lèvera, dont les dits sentineaux seront du grosd’une pelle, et sans y avoir aucunes courbes sciez dans laditte charière ; il y aura de même deux pouces de couture un dedans et un dehors de la ditte charière sans aucun aubord laquelle sera garnie d’une bonne peautre de chaisne et enplumée de longueur, la ditte charière sera faite de bonnes courbes de chaisne et de bois du même nom bien sein, dont les chevilles seront sans aubord d’une bonne grosseur bien sèche et touttes gavée faite sans aubord, doublage au chet et à la queue au dessus et au dessous,
laquelle sera vüe et visittée par ledit Vernoy père ou gens de sa part lorsqu’elle sera sur costé, avant que de la jetter dans l’eau,
sera pareillement tenu ledit Lefrant et s’oblige de faire une petitte toue ou autrement charrigueau de la longueur de quarante à quarante deux pieds et cinq pieds et un pouce de large dans le milieu à proportion des deux bouts de trois pieds de hauteur de bord en bonnes vizuzes de batteaux de bord de dessus qui seront encrochettés d’une toise à la queüe ou tout au moins d’un pied de plus ou moins lequel bord sera doublé dans les crochets au dedans et au dehors, et au chet un doublage sur le bord pour mettre l’arronssoire, convenu que dans et cas où laditte toue ne pourroit être faite à trois bords qu’elle le sera à quatre et que les gros bords seront mis en dessus,
Le tout sans aucun aubord guichet ny aller, les encellements bois pallatrées de même que ceux de la charière cy dessus de long et sans aucun bois gélif ny piqué garnie de dix huit courbes sciéé sur bord y compris les courbetons, sans aucunes courbes couppées, rable sur le nez de la ditte toüe et sur la queüe de quatre à cinq pouces d’épaisseur et dix pouces de largeur doublé du chet et de la queüe, doublé dans la doublure de dessous, des cornelles en dessous pour conserver les enchames du devant et du derrière garnie de bonnes péautres enpluimé bien rablé au fond et deux pouces de couture au dessus et au dessous, tout bon bois chaine bien sein, arronssoire au chet et à la queüe, et du doublage dans le dessous et dans tous les bords au chet et à la queue, seront les dittes charrière et toüe pallatrés depuis le nez jusqu’au rable de façon, et pareillement à la queüe, et dans le cas où il se trouverroit de l’aubord dans et dessus des bords du dessus non compris la couture les dits Vernoy ne pouront prétendre aucundédommagement pour raison dudit aubord, »
Ceci sera fait au plus tard pour le jour de la Toussaint prochaine livrée ausdits Vernoy au port de Giverdon, Les cloux nécessaires seront fournis par lesdits Vernoy, Ce présent marché fait moyennant le prix de 1100 livres d’une part, et de 24 livres d’autre part, cette dernière somme a été payée présentement à Lefrant par Vernoy père « par forme d’épingle ». La somme des 1100 livres sera versée à la livraison.
[1] Passage.
[2] Le pied vaut 32, 5 cm. 60 pieds = 19,5 mètres. 1 pied = 12 pouces. Le pouce vaut 2,7 cm.