Archives

Attention la peste à Blois !

"De la faim, de la peste et de la guerre, délivrez-nous Seigneur." Cette invocation traditionnelle est d'actualité en Val de Loire au XVIIe siècle.

En 1603, la peste réapparaît à Blois. Les échevins prennent les mesures qui pour eux s’imposent : expulsion des vagabonds, isolement des personnes touchées par l’épidémie dans un « sanitas », établi en dehors de la ville, sur la route de Saint-Victor.
À cette fin, ils recrutent « ung battelier pour passer du faubourg de Vienne audict Sanitas ceulx qui sera besoing d’y conduire auquel sera baillée (donné) pour chacun [      ] et son entretemment  de vivres comme il s’est fait par le passé en temps semblable contagieux, lequel batellier aydera à enterrer les corps des deceddez ». Les volontaires ne se bousculent pas. 
Les échevins décident « que la responce de l’homme, qui a été envoyé à Orléans pour avoir un batelier qui est détenu en prison de ceste ville, sera attendu pour se jour, lequel passé, en sera pris et ordonné un autre ».

En 1626 et 1627, nouvelle flambée, puis en 1630. Cette année là, l’épidémie est d’autant plus durement ressentie qu’elle coïncide, à la fois, avec une disette consécutive à une très mauvaise récolte et avec l’accroissement brutal de la pression fiscale à cause de la guerre.
Le curé de Saint-Dyé-sur-Loire témoigne : « L’année précédente 1630 et l’année présente 1631 ont été si misérables et si calamiteuses que l’on n’y peut rien ajouter, car il y a eu une si grande cherté et disette que le setier de blé mesure de Beaugency (environ 68 litres) y a valu 18, 20, 24, et jusqu’à 30 livres. Il y a eu une telle peste, qui a régné plus d’un an, de sorte qu’il est décédé, tant à cause de la disette et cherté que de la peste, presque la moitié du peuple. Outre ce, on a tant levé de tailles et autres subsides que les prisons ont été pleines pour ce sujet, le pauvre peuple ne pouvant payer ».
Le moindre incident dégénère en soulèvement. Le peuple est particulièrement sensible aux bruits, vrais ou faux, « d’enlèvements » des blés du pays. Les échevins, cherchant à éviter coûte que coûte ces « émotions » populaires, à deux reprises, le 6 avril et le 3 juillet 1630, arrêtent dans le port des bateaux remplis de blé et ordonnent aux bateliers de vendre leurs cargaisons.
Pour arrêter la contagion et apaiser l’ire de Dieu, prières et processions sont organisées. Les échevins et la population font vœu à Notre Dame des Aydes, en Vienne, de faire dire, pendant trente ans, une grande messe le jour de sa fête et d’instituer une procession générale. Le fléau régresse et disparaît. Dieu a exaucé leurs prières. Un ex-voto peint, représentant les échevins devant la ville, est placé dans l’église Saint-Saturnin en Vienne, où il se trouve toujours. Il rappelle l’événement. Jusqu’en 1792 inclus, le vœu fait à Notre Dame sera tenu. 

Registres municipaux de Blois

3 réflexions au sujet de “Attention la peste à Blois !”

  1. Merci pour ce document passionnant à divers titres : la langue de l’époque (que j’ai un peu étudiée) mais surtout , les préoccupations matérielles, le rôle des échevins pour limiter les dégâts directs et indirects de l’épidémie. L’importance de la rumeur. La pratique religieuse évidemment avec la mention de ND des Aydes et de l’église Saint-Saturnin, aboutissement des processions, étape des pélerinages pendant des siècles. Très attaché au quartier de Vienne sur lequel je mène des recherches je suis naturellement intéressé par les mentions qui en sont faites dans ce document.

    Répondre
  2. Très intéressant en effet de voir les mesures prises par les échevins lors d’une épidémie très meurtrière puisque un tiers de la population décède de la malade ou de la disette….. et de voir que les rumeurs allaient bon train…

    Répondre

Laisser un commentaire

Article ajouté au panier
0 items - 0,00